DIALOGUE AVEC LES ÉLÈVES
Pourquoi mon mental continue-t-il même quand j’essaye d’arrêter les pensées ?

Patricia de Val Real : Lâcher la pensée est très dur. Nous portons des croyances qui nous trompent. Croire que la pensée est agissante est un des leurres prenant toute la place. Nous croyons également qu’en l’absence de pensée, nous serons comme lobotomisés. A savoir que le mental est un moteur pour nous pousser à faire des choses, et c’est là son unique utilité. Nous ne voulons pas le couper, mais surtout nous ne le voyons pas. Nous avons mis sur la pensée quelque chose de très fort lié à notre identité. C’est pour cela aussi que nous avons peur de le couper. Peut-être aussi peur de la folie ? Car sans mental, il n’y a plus de contrôle, et cela demande beaucoup de discipline. Lâcher la pensée est très dur. Nous croyons avoir arrêté de penser, et nous constatons que ça continue encore. Si nous forçons pour arrêter le mental, c’est encore lui qui mène. Si nous nous battons contre lui, c’est lui qui gagne. Si nous coupons le mental, nous ne nous agitons plus, nous sommes agis.

Élève : Cette semaine, en stage, nous avons médité chaque jour et j’ai vu aujourd’hui que je suis entré plus facilement en méditation.

Patricia de Val Real : Ce que nous avons fait a ouvert des portes pour accéder à autre chose qu’à du mental. Nous avons posé des structures intérieures. Pendant la méditation, vous êtes-vous retrouvés avec cette structure? Ou repartez-vous de suite dans des tensions qui n’ont rien à voir avec ce monde là? Si vous apprenez une structure, c’est justement pour ne pas vous faire rattraper par vos mécanismes. Quand vous recevez l’explication, vous comprenez, et 2 ou 3 jours après, ça ne comprend plus. Quelle est cette affaire qui vient s’immiscer là ? Il y a quelque chose à voir. Voyez comme le mental vous emmène. Voyez comme ça s’accroche à quelque chose.En plus on essaye de le justifier. C’est l’ego qui a peur.

Élève : Ce qui reste s’interroge.

Patricia de Val Real : Celui qui reste va s’interroger longtemps, il sera toujours perdu et il aura toujours des doutes. Cela signifie qu’il y a là un mental qui ne décroche pas. Cela signifie qu’il y a un mental primaire, affectif et bourré de ses mécanismes habituels, il ne décroche pas.

D’où l’importance de la distanciation: ça voit les choses comme elles sont, ça n’embellit pas, ça ne reste pas à vouloir des expériences de même nature. Voir tout ce que l’on met dessus. Il ne faut pas avoir de nostalgie, si le mental change, laissez-le changer. Il faut savoir être souple avec ça. L’expérience vaut la peine de voir que ça bouge, c’est un fait, et c’est ça qui est intéressant! Là, tu as un point de vue de ce que tu devrais ressentir. C’est cela le mental. Le mental est une programmation, et là tu es retombé dans un mental de recherche de compréhension.

Élève : Je suis dans le processus du mental qui récupère l’expérience.

Patricia de Val Real : Je souhaite que vous rameniez à vous, et pas à votre propre expérience. Ce n’est pas à stigmatiser mais à comprendre, comprendre comment fonctionne le mental. Il fonctionne comme cela, c’est le mental de tout un chacun. Le mental se joue de tous, il se joue de vous et vous lui donnez raison. Raison en bien ou en mal, mais à un moment donné soit vous le sacrifiez, soit vous l’honorez par une forme d’affectivité, de bonnes valeurs, ou de sensations. Chacun a sa façon de faire, mais c’est cela même qui vous fait retourner systématiquement dans le circuit, dans le tourbillon, comme tous les humains. Il y a le côté qui mouline dans son coin, et le côté qui voit les choses clairement. Il faut savoir accepter ces 2 vitesses. Si je suis triste, c’est bien d’accepter la tristesse. La spiritualité, c’est voir ce qu’il y a à voir. Expérience agréable ou désagréable, l’ego cherche toujours le confort.

Élève : Je réalise que d’essayer intellectuellement de se faire une idée des rouages de comment le mental fonctionne, ça devient du mental aussi

Patricia de Val Real : C’est un 1er stade, savoir que nous sommes limités, et le mental l’est aussi.

Élève : Le stage m’a amené cette magie de voir ces compréhensions, ces informations qui ne sont pas régies par le mental quand c’est vraiment ouvert. On oublie trop souvent le côté relatif. Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est comment peut-on être sur la verticalité et en même temps être dans la confusion et le chaos.

Patricia de Val Real : Nous avons un corps et le corps est duel. Le fait d’être dans la verticalité n’enlève pas le corps. Il faut accepter de voir la matière comme elle est et constater qu’elle est duelle. Il ne faut pas non plus mettre la notion de mal là-dessus. Il faut accepter qu’elle soit désordonnée, et même carrément chaotique. Et la verticalité va donner l’ordre. La verticalité est porteuse d’ordre sur un monde désordonné et duel. C’est toujours 2. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Mais la priorité est donnée à la verticalité. C’est cela qu’il faut constater. Il faut constater l’expérience comme elle est, il ne faut pas la relativiser non plus car si vous la relativisez là, c’est passer à côté, c’est s’arranger. L’expérience est comme elle est, vous devez la voir.

Élève : Le mental étant une programmation, un engrenage, comment voir alors comment il nous emmène ?

Patricia de Val Real : Quand vous faites quelque chose, comment y allez-vous ? C’est important de le voir, et de voir aussi que c’est lié au désir.

Élève : Il y a la peur de remettre en question une expérience très forte passée.

Nous pouvons distinguer trois sortes de mental :
un qui veut faire des choses.
– un qui a peur de faire des choses, qui a peur de les perdre.
– un qui essaye d’être toujours le meilleur. Le mental est dans le jugement et l’observation du matin au soir. Voir l’observateur, le juge, le policier en soi,c’est voir le mental.

Il n’y a pas pire incarcération que le mental. Veillez à ne pas rester vieux dans votre mode de pensée.
Dépassez le mental entaché de croyances, de choses inutiles, de matérialité.
Le Nirvana n’est pas un lieu inaccessible, il est le lieu dans lequel nous rentrons quand nous faisons taire le mental.
Si j’accepte le fait d’avoir du mental, j’en ai moins !
Si j’accepte le fait d’avoir des besoins de reconnaissance, cela se tasse.
C’est la non-acceptation qui renforce les choses.

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